Publié le 01/05/2020

Le Coronavirus fait peser sur notre  pays, et sur le monde, une menace d’une exceptionnelle gravité. Plus que jamais notre priorité à tous doit être de lutter, par nos comportements, contre la propagation du virus. Cette pandémie change nos vies, et nous amène à devoir prendre des décisions exceptionnelles.

C’est ainsi que la semaine dernière le Comité exécutif de la F.F.F. a dû se résoudre à arrêter la quasi-totalité des championnats amateurs.

Et nous pouvons tous craindre que les mesures qui seront prises dans les semaines qui viennent n’affectent le fonctionnement de nos associations, l’accueil des jeunes dans les clubs, le déroulement de nos activités de manière bien plus durable.

La F.F.F. a apporté un certain nombre d’atténuations à l’application des règlements habituels, notamment en limitant de manière importante les descentes en Ligue et en District sans limiter le nombre de montées. J’ai pleinement conscience des frustrations et des colères que ces décisions peuvent causer. Nous préférons tous qu’une saison se joue sur le terrain, dans les conditions prévues. Il n’y avait de ce point de vue, aucune bonne solution, la notion d’équité sportive dans la situation que nous vivons pouvant être l’objet de discussions infinies. Nous avons voulu, afin de ne pas rayer d’un trait de plume les efforts réalisés par les clubs et les acteurs, valider l’ensemble des journées jouées.

On m’a beaucoup demandé ces derniers jours pourquoi nous avions voulu conserver les règles habituelles de promotion et relégation pour les championnats nationaux. Je comprends parfaitement la déception, l’amertume des clubs qui descendent. Mais notre responsabilité aujourd’hui est de commencer à préparer un avenir différent de ce que nous avons vécu. Nous avons créé, et j’inclus la F.F.F. dans ce constat, un modèle inflationniste dans les championnats amateurs de haut niveau qui ne pourra pas survivre à ce que nous vivons. Plus de clubs dans les niveaux nationaux (avec la création du National 3), plus de joueurs, payés davantage. Les premières victimes de ce schéma, ce sont les clubs eux-mêmes, dont l’équilibre économique est de plus en plus difficile à trouver.

La seconde victime, c’est l’investissement pour l’avenir, lorsque la préparation de l’équipe première pour la saison prochaine devient l’horizon de tout un club. Ajouter près de quarante clubs au niveau national cette saison aurait poursuivi ce mouvement inflationniste, dans un contexte socio-économique qui sera très difficile. Et les clubs concernés en auraient été, en fin de compte, les premières victimes.

Tout le football français et mondial, au niveau professionnel comme amateur, va devoir se réinventer. C’est vrai aussi pour la Fédération Française de Football, qui va devoir repenser sa manière d’aider les clubs dans ce contexte si particulier. J’annoncerai dans les prochains jours les détails d’un plan d’aide qui, je l’espère, vous appuiera dans le redémarrage de vos activités associatives. La plus grande force de notre football, c’est l’investissement sans faille de ses bénévoles, de ses encadrants, de ses éducateurs, de ses arbitres pour accueillir nos licenciés  dans les meilleures conditions possibles.

La décision de mettre un terme à la presque totalité des compétitions amateurs cette saison est le fruit d’une consultation très large initiée dès le début de la crise sanitaire. L’ensemble des présidents de ligues et de districts métropolitains et  ultra-marins  ont été consultés, de même que toutes les organisations représentatives des clubs nationaux et des acteurs du football amateur. Des heures de visio-conférences, de réunions téléphoniques et d’échanges ont été nécessaires, mais c’est finalement un large consensus qui a prévalu. Dans de nombreux territoires, les clubs ont été sondés et beaucoup attendaient cette décision d’arrêt des compétitions. Il faut saluer la solidarité et le sens des responsabilités des présidents des Ligues et des Districts de France qui sont les co-constructeurs de cette solution.

Votre courage et votre investissement sont la première pierre du football de demain.

Noël Le Graet

Président de la Fédération Française de Football